mercredi 19 octobre 2011

Le cortège de mes nuits blanches glisse sur l'éclatante obscurité.







Alors, je me promettais de déchirer la lune, là où mes pas n'avaient laissé aucune trace. Probablement sur la face cachée. Et je courrais après, ces traces. Elles étaient ailleurs me dis-je. Mais sur quel sentier ?

Je cherche en tâtonnant la torche sous mon oreiller. D'habitude elle s'y trouve. Je voudrais éclairer ma nuit blanche d'un halo de lumière électrique. Celui que je connais, pas celui de la lune qui me transperce. J'insiste et je finis par tomber dessus de mes doigts lourds. J'allume. Je clique sur l'interrupteur et je prends feu encore plus. J’éteins. J'ai reçu un éclat de la lune en colère qui m'a jeté ses maux. Je me recouche, le nez vers le plafond. Un vent froissé de brume passe en dessous le souffle des persiennes entrouvertes. C'est l'infini.

Tu m'avais dit, en partant : ― Tu es le sentier de ma vie. ― Ce n'est pas possible, je suis moi-même perdu. Ai-je répondu. ― C'est pour cela que tu me plais. Dis-tu

Je repense à tes mots jetés comme une ancre. Une balise sur un fleuve. Un perchoir où s'assoir. Pourtant, il n'y avait rien dans ce que j'étais qui pouvait faire office de repère. La lune éclairait mes pensées cette nuit là comme un rayon laser lirait les anfractuosités d'un vieux mur. Je n'étais qu'une crevasse. Une fêlure. L'histoire me contraignait de vivre en marge de moi-même. C'était un autre qui me manquait. J'étais lâché. Vidé de mon sens et malgré cet éclat de ma nuit je ne voyais rien de clair. Malgré sa blancheur la lune était obscure. L'infini ment. La lune ment. Sur chacune de ses faces, j'étais perché, en apesanteur. Un équilibre précaire. Le côté sombre et le côté éclatant.

À quel bout de l'histoire m'étais-je égaré ? Quand commencerait un nouveau jour avec toi ? Ton absence subtile s'égraine au fil des minutes qui passent. Les secondes s'étirent comme un lent métronome. Je ne les compte plus. Elles me paraissent nouées les unes aux autres avec un fil d'acier qui jamais ne s'interrompt. Le cortège de mes songes se perd en pointillés autour de ma vie. Je regarde le plafond de ma chambre et j'y vois des étoiles. Une, parmi tant, brille un peu plus.

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