vendredi 28 octobre 2005

Stabat Pater II

Je sais bien que tu vas mourir...


Je vois que ta faiblesse est devenue immense, que tu as du mal à te déplacer mon p'tit vieux que parfois tu ne sais même plus que tu es dans ta propre maison, perdu, la nuit ou le jour.


Quand tu souffres, les volets se ferment sur toi parce que tu le veux. Pourtant si tu es là, c'est que tu es encore bien vivant, tu n'y peux rien. Je te soulève de ton fauteuil pour aller diner parce que tu es mon père et ceux qui te voient de l'extérieur ont du mal à te donner un age, comme pour moi. Mais toi tu commences à être sérieusement rouillé, moi, j'ai encore du temps. Ce siècle d'une vie entière te lie presque avec les contemporains de Balzac, de leurs réminiscences, de leurs influences et de leurs souffrances. Et toi tu as été sacrément veinard, même si tous les matins, quand tu étais mioche, on te trempait le cul dans de l'eau chaude pour te faire caguer.

Ta vie n'est pas fini, mais quand tu ne seras plus là je sens bien que c'est la mienne qui va alors me poser des questions. Je le sais, petit papa.
De tes souhaits, de tes voeux, il y aurait surement celui de pouvoir continuer encore longtemps à nous engueuler comme il t'arrive encore difficilement. Ce ne sera pas possible.

J'avais songé à t'acheter un ordinateur portable avec une webcam pour que ce monde qui t'a tant intéressé puisse continuer à être la vie qui t'anime, mais ce serait trop compliqué.

La dernière fois que je t'ai vu, je t'ai couché, bordé, je ne t'ai pas embrassé, je ne sais pas si j'aurais du, comme tu l'as fait surement pour moi quand j'étais petit, je ne me souviens plus. La nuit va venir bientôt pour toi, je ne sais pas quand, mais je le sais depuis très longtemps. Cette nuit là sera longue et belle pour toi et moi j'espère que je pourrai continuer à rêver. Toi, tu ne pourras plus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

oui elle sera belle sa nuit ;pcq il ne souffrira plus et partira en paix ,pcq tu aurras été là pour l'accompagner...